6.33 mètres de poème

SÈTE 2014, FESTIVAL VOIX VIVES

trente-trois mètres de poème

 

Sur la proposition d'Yves Béal, les poètes de Soleils et cendre invitent, dans un dispositif interactif, "Le plus long Poème jamais écrit à Sète", tous ceux, festivaliers ou badauds, qui veulent oser un moment d'écriture. Les fragments produits seront mis bout à bout, tricotés en co-errance, et voici : trente-trois mètres de poèmes produits en une semaine par les voix entremêlées de 186 personnes. Le tout en rouleau, interprété, en fin de festival, sur la scène de la Place du Livre.

Nous en livrerons plus tard une réinterprétation solicendriste.

 

Au loin déjà, la mer nuitait sa mélancolie de soupirs
par dessus les bagues d'écume des amants séparés,
l'abîme des tendresses résolues
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dans l'interminable nuit de l'ivresse,
dans l'interminable nuit ... Non ! aucune nuit
n'est interminable, sauf celles passées loin de toi ;
dans l'interminable nuit de Julio, nuestra cabaña
crujia azotada por el viento huracenado
.

C'est un secret qui prend beaucoup de place,
c'est un secret qui prend toute la concentration,
qui prend tout mon amour, tout mon argent.
Ce qui pleure dans mon jardin n'altère ni le parfum du lilas
ni le glissement impromptu de la limace.
Les larmes sont ailleurs, comme des vagues cassées
dans la voix des cornes de brume,
les larmes s'enragent de cris arrêtés,
incisions de vie en haute lande.
Ce qui pleure et danse dans mon œil, ton corps d'oral,
ta parole de cils, ton ciel de liesse, ton sel d'orage,
et je ne dormirai jamais au seuil de notre rencontre
car le printemps m’apporté la liberté de dire non,
le printemps m’apporte un vent de vigilance et de fraternité,
un visa pour la vie.

Ouvrez votre fenêtre aux âmes torturées, aux esprits tordus,
ouvrez votre fenêtre aux dissemblables, aux transparents,
aux héroïques de l'ordinaire, aux nerveux de la tendresse,
écoutez les arbres qui dansent sur les demoiselles.
Rien ne m'effraie, et je pense à la mort comme à une sœur
qui, de proche en proche, me rappelle à son souvenir.
Elle me parle à travers la porte verrouillée,
à travers le double vitrage de la vie.

Décidément, nous sommes des êtres d'eau et de chair,
fragiles face à l'immensité de la terre, mais tellement vibrants !
Au centre d'une rose, s'ouvre l'infini... l'infini sens,
l'infini petit, l'infini grand, l'infini musc ... enfin : l'être.
Ô sublime intelligence si peu respectueuse du Créateur,
éclair du néant... qui ne sait pas toujours de quoi sera fait demain.
En même temps que l'eau, le rythme,
gros caillou paresseux, dérive d'on ne sait quels horizons,
écorchure verticale du néant, flotte sur ce fil étoilé,
défilé de miroirs brisés...
Et les mains en avant, je rejoins l'esprit de l'arbre.

Racine verticale, aurais-tu peur de reculer ?
De ton râle, j'entends ce qu'il reste à nettoyer
pour atteindre les étoiles.
On ne sait pas toujours de quoi est fait le lendemain,
la couleur des yeux du voisin, l'horaire des trains,
l'odeur du romarin, mais je me souviens d'un ciel
chargé d'embruns, d'un regard empli de chagrin,
de mots trop anciens, de la chaleur de ta main.
Et le printemps m'a apporté un peu moins de soleil au fond de l'atelier,
et le printemps m'a apporté une colombe avec un message,
avec sur ce message écrit : vive Sète ! vive le printemps !
Et le printemps m'a apporté une petite musique trempée d'amour
d'où les mots ont jailli comme pierre de taille :
nous construirons les jours.
C'était beau jour de mars, le printemps arrivait
là où naît notre amour.
Je partais, fin d'hiver, dansant sur nouveaux fers,
chantant au nu des déserts.
Je voulais regarder le monde à travers des lunettes de joiePlp3.jpg
sans penser ni tristesse ni misère
et à la plage voir le jour me ravir de toute ses couleurs.
Car tous les mots sont fées sonores
qui claquent à l'oreille de mon cœur.
Par moments, le vent brengt ons samen
Zelf maar niet alleen, om ons heen om te verenigen
.
Par moments, le vent nous tient ensemble,
il enveloppe notre solitude et nous invite à nous unir.
Au petit jour, souvent je me dis : je me sens bohémien
dans ma roulotte, j'aime ce vent, mes vêtements qui flottent.
Au petit jour, souvent, me revient un petit jour de janvier,
du carreau aux cristaux de neige, la blancheur du monde
promettait une journée de froidure paisible.
À l'heure où le travail débutait,
je mettais mon cerveau en mode imaginaire,
aux profondeurs du ciel, je m'évadais dans le bleu abyssal,
à tire-d’aile.
On ne sait pas toujours d'où vient le vent et où il nous mènera,
on ne sait pas, on sait seulement qu'un jour...
ouvrant sa fenêtre aux mouches, un père écrasera ces mouches de son mouchoir, les fera choir et rechoir, un père rasoir, rasant pendant des heures dans son fauteuil roulant, partant à la chasse aux idées noires, aux bêtes noires et... libres.
Ouvre ta fenêtre aux mouches, papa ! Ouvre ta fenêtre à la vie ! Tu y trouveras une idée pour nourrir les textes des Solicendristes, des textes à tout le monde, des textes de tout le monde.

Et nous ne savons pas ce que nous savons de Marseille
car c'est une ville compliquée qui réserve bien des secrets
que, les mains en avant, je cherche le long de la promenade
à découvrir la beauté de cette ville.
Ma tête est vide et mes pensées se laissent glisser
vers les contrées lointaines, glisser
vers les yeux, la bouche, le nez, le profil de Nicole,
ses yeux masqués, sa bouche fine.
J'ai vu trop de regards qui ne regardent plus
et veux te dire sept fois Merci pour les moments passés à livre ouvert
passés à lire et écouter la magie de tes mots.
Au centre de ta rose s'ouvre ma passion éternelle,
passion-passerelle, d'un amour enfin retrouvé.
Et je me sens moins seule, moins sole mangeant ma sole à Sète,
ma sole à sept : trois couples et moi, célibataire.
Je ne vois pas pourquoi, dans ce grand ciel bleu
il y a ce grand bateau très long très gris
avec des sirènes de toutes les couleurs
qui jouent avec des voiles musiciennes ;
je ne vois pas pourquoi, dans l'épreuve de chaque jour,
je ne remercierais pas la vie de m'avoir permis d'être mère ;
je ne vois pas pourquoi, au plus secret de mon encre,
ne palpiterait pas un soleil sauvage et tendre
comme le premier matin.

Dans l'interminable nuit de solitude, il respirait à peine,
économisant son corps déjà glacé.
Allongé sur la plus haute branche du gros tremble, il...
C'était qui, c'était quoi, était-ce un oiseau, une âme, toi, moi ?
En même temps que l'eau, le cours de la vie se faisait,
inexorablement.

C'était un beau jour dans le ville de Sète, alle gøldserne
blev forstarket jødt-og de lyttecle garsline sa koncentrerde

C'était un beau jour dans la ville de Sète, toutes les émotions
étaient nées renforcées et les visiteurs écoutaient attentivement
la voix du poète...
C'était un secret qui prenait le temps, le temps de se dire,Plp4.jpeg
de s'oublier, le temps de nous habiter,
celui de nous construire aussi...
C'était un secret prenant le vent, vent de sourire,
vent de pleurer, vent de souffrir,
celui de nous construire aussi...
Rien ne m'effraie et je pense à la vie, la vraie,
celle qui rend belles les choses et beaux les êtres,
celle qui fait les hasards et le charme des regards
qui se croisent, s'apprennent et s'éprennent.

Il faudra donc que je passe le temps,
typographiquement parlant, je veux dire.
J'irai voir les couleurs, la sève et la mer,
tout cela imprimé sur papier main satin malin.
Ce sera peut-être un tollé sur le râble mais qu'en dira-t-on ?
Qu'on s'en fout, tout simplement.
Dans l'épreuve de chaque jour, je regarderai
vers mes souvenirs inachevés,
vers mes rêves et mes envies, mes désirs d'une vie vivante,
pour ne pas les lâcher.
Au petit jour, souvent, je penserai à toi, ami Georges, et les larmes
d'émoi coulent par devers moi :
Sète, vent, larmes, seiche,
c'est au-delà des mots par ta moustache rêche
que l'amour de la vie vibre et puis s'ébrèche.
Au petit jour, souvent, je penserai à elle, mon hirondelle,
et ses larmes qui ruissellent,
petits ruisseaux d'une voix qui s'en va si loin,
qui vient si près, si douce et si dure parfois, si chaude, si froide
quand elle revient de la nuit noire et profonde des cœurs séparés.

Je me souviens des petits bonheurs d'autrefois
à vivre dans la nature la simplicité des lieux ombragés et paisibles.
Je me souviens des matins cafés, des veillées tisanes, de grand-mère
qui nous a quittés pour rejoindre la cabane à mémoire.
Ce qui pleure dans mon cœur serait le refus du bonheur ?
La vie vaut d'être vécue comme on l'aurait voulue.
Avant de partir, mon ami,
pose ton regard sur nos aventures communes
et ensemble goûtons en la mélancolique saveur,
la douce tendresse et l'affection exaltante.

Il faudra donc que je m'arrête, que je cesse de tournoyer
comme un oiseau blessé dans cette vie du nombre solitaire.
Il faudra donc que des galaxies blessées tapotent à la fenêtre,
que des soleils tristes se pendent aux miroirs de nos yeux.
Et c'est ainsi que meurt la démocratie, sous les applaudissements !

Ose devenir oiseau, ose devenir un arbre,
ose devenir perroquet, ose devenir une table,
ose devenir le feu !
Nous ne sommes pas si loin que nous croyons des temps fertiles,
séparés à peine d'un battement d'espérance, d'un rire.
Pourtant nous croyons plus qu'à tout aux comètes qu'il délivre,
comme si les nuits profondes n'étaient créées
que pour leurs brefs éclats.
Ose devenir une pierre et son silence, ose devenir sable,
ose devenir la pluie, ose devenir la mer, ose devenir le cœur
ose devenir folie des rêves et des souffles, des respirations du monde.
Il est des jours où l'on se sent pousser des ailes et d'autres
où même le souffle du vent nous effraie.
Il est des jours où l'on se sent au gré du vent sur l'esquif fragile,
les rames au fond de l'eau, puis le canal, le poulpe, la poésie.
Par moments, le vent souffle sur ma belle moustache,
sa poésie rebelle.
Par moments, le vent me caresse doucement et me souffle
des mots tendres,
je me laisse abuser lascivement puis je m'envole.
Décidément, nous sommes incorrigibles
et nous cassons nos beaux jouets.
Décidément, nous sommes magiques de créativité,
d'amour, d'impertinence :
des si déments nous, dès que “si” dément “nous”, nous sommes,
nous faut un con, un inconditionnel et d'ailleurs un con
qui dit pour changer, sans méprise, un con de femme qui dit
sa condition de femme par exemple, pas connement quoique
on est toujours la conne de quelqu'un qui dit vous ou qui dit nous
ou encore elle ! ou un on dégoutant... on peut dire nous
sans croire. Là, il s'agit des incroyants, les barbares, peut-être
ceux qui borborygment la langue de ta mère.
Décidément noués, nous sommes, liés par la langue,
amarrés par les mots, inscrits dans l'immensité,
l'immense et minuscule cité des hommes.

Dans l'épreuve de chaque jour, je regarde la paille, le feu et la mer.
Je ne garde que la poussière, l'étincelle...
ses mots, je ne les retiens pas.
Dans l'épreuve de chaque jour, je grandis de vivre une seconde
de plus, même moins d'une seconde suffit.
Je me souviens de n'avoir rien marqué, rien dit, refusé
de parler, refusé
d'avouer mais je ne veux pas me taire.
Mon "rien" n'est pas silence, mon "rien" crie,Plp5.jpeg
c'est mon petit message à moi.
Ouvrez votre fenêtre aux idées nouvelles,
ouvrez votre cœur aux autres,
alors le calme reviendra, le temps s'arrêtera.
Je te retrouverai au bord de ne rien faire
et le printemps sera, verdissant de nature et d'amour,
des enfants illumineront ma toute jeune retraite.
Le jour sera beau de rencontres, d'échanges et d'émotions,
beau comme l'enfance, ce pays d'Algérie,
beau comme le vent qui décide de notre avenir,
comme mon souvenir d'étoiles au profond de la nuit,
comme un bruissement de feuilles, un gazouillis de fontaine,
comme les mots de la vie et du monde que je devine.
Je veux donner mon chant, ma voix, par-delà les tourments,
à cet orchestre de nature, à cette esquisse du temps deviné,
du temps à venir avec tous ses possibles rassemblés
dans l'enclos de ce qui a déjà été planté.
Le soleil ne cédera pas sa place au mauvais temps
et la pulpe rouge des jardins essentiels,
comme une vague promesse d'un jadis oublié,
adressera du haut de son mât un "Terre ! Terre !"
que je chercherai du regard pour que jamais plus
le doute n'envahisse la colombe pensive.
Alors, mains dans le vent, je t'inventerai, te caresserai,
te sublimerai : je t'AIME.
Tu coules entre mes doigts dans ce mouvement du bleu,
et moi je deviens mouvement du monde
à l'épreuve de l'amour qui ne retient de nous
que la plume et le vent.
Et les mains en avant, je m'approche de toi.
Là, je te découvre pour la première fois.
Viens ! que je puisse à nouveau sentir la douceur
de notre ego, de notre peau, jamais je ne pourrai
être plus longtemps séparée de ce qui fut beau.
Je t'ai en permanence dans ma poche comme un miroir
qui reflète l'éclat du temps.
Tu me parles du passé et de ceux qui ont peuplé
mon cœur et ma voix.
Et je redoute l'hiver parce que le froid,
et je redoute l'hiver parce que les âmes, la pensée endormie.
Et pourtant j'aime l'hiver parce que bonhomme de neige
et tout qui se réchauffe et le printemps qui vient.
Ne savons-nous donc pas ce que c'est, le bonheur,
à neuf ans, d'écrire loin du temps des romains
que nous pouvons communiquer de loin, communiquer au loin,
que nous pouvons, commune idée, au lever du soleil,
laisser venir la belle journée, tant attendue,
offerte à la famille, famille fraternelle,
famille des hommes
dans le respect qui se porte à chacun de nous
et que l'amour de l'autre trame
dans un rapport ténu à tout ce qui se vit
à tout ce qui s'offre en partage lorsque LUMIÈREPlp7.jpg
s'allume dans tes yeux
que ton regard croise le mien
que la caresse de ta paume modèle mon corps
et que les mots, dessinés de tes lèvres,
se déposent comme des baisers ?
Ne savons-nous donc pas cela ?
Alors m'envahit la plénitude : je t'AIME.
Je t'aime au loin du temps, des souvenirs froids
comme ta peau bleutée, un certain jour d'hiver
où tu es parti sans même un soupir m'a ton dit ;
je t'aime quand tu oses devenir ce que tu es
sans vouloir prétendre être un autre.
Et j'ai senti pour toi, au festival, l'odeur des mots.
Et j'ai, ici vu la musique de la vie là-bas.
Et j'ai entendu la voix de la liberté.
Et j'aimerais te les offrir, à toi mon amour, à toi mon fils.
Un jour sans soleil mais debout quand même
J'appelle en vain le soleil, cette soie de l'œil,
j'appelle ceux que j'aime en cette journée sans pareille,
cette journée de rosier, point d'orgue d'un opéra,
douce folie ou ultime concession de l'objet à l'orchestre ?
Cour des miracles du flétri au fleuri,
renouveau d'un sursaut ou surgeon provisoire.
Oui, tous les mots sont des roses, et leurs épines,
oui, tous les mots sont importants pour mettre à jour
le monde et partager la vie, les ressentis, l'amour,
la peine aussi.
Oui, tous les maux sont orthographiés dans la langue
de Shakespeare ou celle de Molière, dans la langue
des collines ou celles des cités.
Oui, tous les mots sont sonores !
Ils scandent les émotions rires pleurs joie chagrin
cruels parfois, réconfortants pourtant.
Ils chahutent le quotidien et bien souvent la vie.
Alors, prenez garde lorsque vous les prononcez.
Alors les mots se sentiront moins seuls
et moi, moins seule dans cette foule immense
te chercherai des yeux, écouterai le silence.
Je sortirai dans mon jardin pour observer les coccinelles
observer les abeilles, les oiseaux dans la rosée du matin
les hirondelles, les passereaux, les passerelles
à contre vent du soleil, des éclats de rire du vent
qui agite un gonfalon suspendu à un arbre
au bout duquel gesticule un poète qui s'obstine, sur la toile,
à écrire les mouvements de l'air.
Et par moment le vent m'emporterait.

Au loin déjà, la mer emporte la poésie avec ses rêves
de migrants, d'oiseaux géants aux yeux médusés et béants ;
sur la grève au loin déjà la mer emporte la poésie
comme un malentendu tenace que rien ne parvient à résoudre.
Il faudra donc que je fasse un poème ?
Sera-t-il assez long pour relier les deux rives ?
Il dira simplement que je t'aime,
près du poufre sétois, il faut que je l'écrive.Plp8.jpeg

Oseras-tu devenir la personne que tu es
parsemée de mouettes qui nous invitent au rêve,
au voyage au loin déjà de la mer,
une personne qui luit sous le soleil levant
et non celle que tu aimerais... mais que tu ignores,
perdue dans des amis partis, allés à "Aqualand"
au bout d'un autre rêve enfantin
d'eau fraîche, de beau temps, de nuages blancs
de chants d'oiseaux et de bateaux sur l'eau.
Et ce serait très beau très beau très beau,
aussi beau qu'un secret qui prend sa source
dans l'union de nos cœurs avec le temps qui passe
sur nos respirations, avec le temps qui trépasse
et ressurgit sous les haubans de vivre avec le sang ;
encore qui cogne a chaque membrane de printemps.
Au lever du soleil, voici venir la lumière et son miel de muraille,
les nuages le ciel le jour, les oiseaux
sortis à peine de leur nid d'ombre, les rayons du soleil.
Pourtant, je redoutais l'hiver, il faisait froid
j’avais vu trop de vagues s'évanouir
sans avoir eu le temps de te dire combien tu me manquais
seule à Sète à la recherche de mes rêves
dans l'universalité et l’intemporel.
Libres et ivres de mots,
nous aurions pu croiser nos forces et embrasser le monde.
Rien ne m'aurait effrayé et j'aurais pensé
à l'avenir qui s'offrait à moi.
Sous les yeux de ma fille, cet autre matin,
j’avais eu la joie d’aider un martinet
à repartir vers les nuages : je l’en remercie encore
à l’heure où le travail reprend
dans le souvenir de mes vacances à Sète.
Et puis voilà que je rencontre un drôle de monsieur
qui me demande d’écrire des mots : quelle drôle d’idée !
Ouvrez donc vos fenêtres aux poètes installés dans Sète !
Ouvrez donc vos fenêtres à vos mots enfouis
pour les livrer au poème !
Car aucun mot n’est vain dans l’assemblage fécond
qui l’unit à ceux des autres.
Certes, on ne sait pas toujours ce qu’ils cachent.
On ne sait pas toujours qu’on a de vraies blessures,
jusqu’à ce qu’elles apparaissent et dévoilent MES fêlures,
on ne sait pas toujours ce que la vie va nous donner :
trois beaux enfants ? Du partage, artistique, humain et généreux ?
Rien ne serait de cela sans le mariage multiculturel de nos parents,
rien de cela sans la belle diversité du monde.
Rien de ce bonheur partagé : petit-fils, cousin, mari…
Epreuves passées, épreuves à venir, nous vivons le bonheur présent.
Ce que le printemps nous apporte, couleur de notre ardeur.

Soliloquie pour la vie, soliloquie pour Lilith,
Soliloquie pour le chêne noir, pour le delta, le soleil et la lune,
ô Nil, frère du Phare, hors géographie.

Décidément, nous sommes sommés de décider,
sommés d’habiter en un lieu, un territoire entouré de frontières.
Mais nous pouvons aussi dire non,
non à ce qui sépare, non à ce qui désunit.
Je voudrais pouvoir toujours regarder le regard
que tu me portes et qui m’emporte au-dessus des toits,
au-dessus de moi, au-dessus de nous, Sète Alexandrie
Alger la blanche Jérusalem Gaza Le Pirée Naples Marseille…
Je n’ai de regard que pour toi.

Autres scène…Plp10.jpeg
Ce qui pleure dans mon sang agite
les voix perdues de mes nuits passagères.
Ce qui pleure dans mon âme éteinte,
c’est la lumière de toi, Hedwig, paillettes solaires
qui captaient toutes les ferveurs
pour les offrir à ceux-là même qui sont aveugles,
paillettes et cendre, ô tristesse grise,
dans les profondeurs du ciel, je t’AIME.
Maintenant, nous savons ce qui peut mener le monde
à se régénérer ou à se détruire,
nous savons ce qui nous réveillera, nous charmera,
nous calmera et nous envoûtera,
toujours plus haut, toujours plus loin,
mais nous ne savons pas ce que nous réserve l’avenir,
la tristesse ou la joie,
l’amour ou la solitude,
les amis, la famille ou la déception.
Alors, profitons de chaque instant
pour que demain ne se souvienne que du meilleur
et que, dans l'épreuve de chaque jour,
chacun trouve un appui dans la poésie,
que l'écriture nous rassure et que nous ne pensions plus
à nos petits soucis, à nos folles amours,
à nos terribles doutes, nos horribles certitudes :
    - Tu es là, toi !
    - Qui ça toi ?
    - Pourquoi "toi" ? Toujours l'autre !
    - Pourquoi pas MOI ?!
    - Avec "moi" pas de désillusion, de mensonge, pas d'hypocrisie.
    - "Soi" c'est la vérité, lumière, bonheur !
    - Donc "toi" ne déçoit pas son "soi".
Ton “soi”, ton “soi”, je ne vois pas pourquoi
les gens d'ici ne partent pas ailleurs !
Je ne vois pas pourquoi
se cache, timide et tout gêné, ton "soi"
pourquoi se cache et crie " coucou !" ton "soi"
se jette sous un drap, rit d'avoir disparu
pourquoi ton "soi" s'étire et s'effiloche
et s'envole aux éclats
pourquoi ton "soi" nous laisse sans réponse.
Tu le vois, tous les mots sont des ponts entre "soi" et "moi"
des ponts lancés, des sourires, des étoilesPlp9.jpeg
posées sur tes yeux d'été et d'éther.
Tous les mots sont l'émotion
où l'on peut sentir le parfum du cousin, le soleil,
et de la sœur, la mer ;
où l'on peut sentir le parfum du vent
que je devine à travers un murmure
mais aussi… l'haleine fétide da la haine
tout droit sortie de la bouche des enfers
et je ris ! je ris ! je RIS !
Et je me souviens des moments passés
sous la lune éclatante
à me demander ce qu'était la vie.
Je n'ai trouvé qu'une seule réponse : la vie est tout simplement
notre raison d'être.
Souvent l'angoisse m'étreint tentant de glisser ses ombres
autour de mon cerveau.
Mais ce matin rien ne m'effraie
car je pense à eux.
À l'heure où débute le travail, je tourne déjà ;
au café, je tourne, je tourne, je tourbillonne,
et dans les profondeurs du ciel, je plonge mon regard
vers ton beau visage.
Ose devenir ô ce devenir, ô cet avenir.
Ose devenir ce vent qui te porte
là où tu devais être.
Ose devenir toi-même et faire de cet interminable
nuit de novembre le plus beau jour de nos vies.
Ose, en même temps que l'eau, le vent, mistral et tramontane,
non, seulement brise légère à faire frémir la mer,
le souvenir de toi me coule sur la peau jour et nuit ;
tu ruisselles et ton amour assèche le temps et ses vagues.
Il est des jours où l'on se sent mal,
non pour une raison particulière, on se sent mal en général.
Il est des jours où l'on se sent bien et on ne sait pas
non plus pourquoi… C'est la vie et chaque jour est différent.
Je ne m'en effraie pas et je pense à toi, à nous, à la vie…
au bonheur si précieux et que si peu parviennent à goûter
alors qu'il est là, si près, en chacun de nous.
Je voudrais te murmurer des mots à crier,
te chuchoter mes impressions, des tissus de sons,
des lambeaux de sens, mots trop souvent utilisés,
manipulés, mots inédits ou interdits, je vous aime,
Vous les mots.
Et je devine à travers un murmure
que les Sétois ne sont pas des murs froids,
leur droit à la poésie de fruits mûrs
les préserve des durs murs mûrs
des vent d'autant qui affirment leurs mâtures…

Par moments, le vent voyagePlp13.jpeg
Vent d'épouvante et d'ouragan
Vent violet, vent feu, ferme tes volets !
Par moments, le vent s'invente
Des valses sur les places des villes,
Soulève des vagues de folie
Par moments, le vent s'apaise
Dans le silence des falaises
Où s'aventurent les vivants
Décidément, nous sommes fous
Dans ce monde flou
Nous sommes architectes de notre vie
Et protecteurs de nos envies
Nous sommes chercheurs de bonheur
Et trouveurs de malheur
Nous sommes créateurs d'amour
Et de ses détours...

C'est un secret qui prend tournure
à force de se répéter, de se transmettre, voire de se vendre.
C'est un secret si cabossé qu'il fout le camp
par tous les angles, par tous les pores.
On le retrouve si public, si envolé, si peu secret
qu'on se demande anxieusement
ce qu'il était, ce qu'il sera.

Je suis tombé du train, ma vie déraille
Ma tête coule sous le ballast,
l'impression de ne plus être au monde des humains.
Sur le banc de touche, je touche le fond
et la mer se retire plus loin que les étoiles.
Décidément, nous sommes fous dans ce monde flou.
Nous sommes rêveurs de liberté, voleurs de volupté,
nous sommes persécuteurs d'intention, et ravageurs d'ambition,
nous sommes ce que nous sommes…
Sommes-nous lune ou l'autre, sommes-nous soleils ?
Soleil de pourpre et de miel, demain chanteras-tu la vie ?
Chanteras-tu toujours pour que s'ouvre la fleur ?
Soleil, voici venir la peine, voici venir ta peine.
Devant moi, tu t'effondres et je suis inquiet.
Libère-toi, libère-toi de ta peine !
Il faudrait parfois que les nuages me répondent
et mêlent leurs larmes de lumière
à mes larmes de fille de la terre.
Peut-être aussi serait-il bon qu'un ange se penche
sur mon épaule et me murmure tout près du cœur
que demain sera sans chagrin… et ton sourire magicien.
Je voudrais regarder le bonheur autour de moi.
Je voudrais abolir la haine, la jalousie, la guerre autour de moi.
Je voudrais vous voir vous, loin du temps des cieux dans les cieux,
des ponts entre les mondes, les mots pour dire
le vide qui nous relie, qui nous rassemble
depuis le même ciel, une étincelle : l'infini.
Maintenant, nous savons ce qui nous préoccupe :
La paix dans le monde !
Par moments, le vent semble emporter nos sentiments
Mais ils sont toujours là, bien présents.
Le froid me glace, le froid me glace
mais réchauffe en même temps, il éclaircit les idées.
Oui, j'ai senti le "NON À LA GUERRE" s'imposer,
Envahir ma bouche et je le crie : "NON À LA GUERRE !"
Je voudrais regarder l'eau scintiller sous le soleil
Non à la guerre ! Je voudrais regarder le vent
souffler sur les feuilles Non à la guerre ! Je voudrais
voir les enfants s'amuser Non à la guerre ! et regarder
combien ils sont heureux !

N'oublie pas, mon ami, d'ouvrir ton petit parapluie,
parenthèse orthopédique asymétrique, latente, patente
et pneumatique… à l’ombre de laquelle nous fûmes bien à l’aise,
lascivement étendus en nos suaires ascorbiques,
épanouissant nos rires volatiles, pas faciles, fébriles,
voraces et tactiles.
Et surtout n’oublie pas d’éteindre la lumière en sortant.
Le bruit de l’eau, le souffle du vent, le temps murmurent, apaisent,
donnent de l’espoir et nos enfants sauront.

Ouvre ta fenêtre au doux parfum de roses,Plp14.jpeg
que la lumière et  la beauté chez vous s'impose.
Permettez à votre être de faire enfin la pause,
que l'enfant libre en vous s'exprime et ose
écrire que l'amour qui à la naissance nous est confié
est un bien très précieux qu'il nous faut partager,
que le vent porte au loin nos pensées,
que violence et souffrance sont indignes de nous.
Vite en prendre conscience afin de préserver la vie
sur notre terre-mère, caillou flottant dans l'univers !
Vive la jeunesse et ses caresses ensoleillées
et le désir toujours
plus profond d’aller de commencement en commencement !

Au loin déjà la mer emporte la fatigue,
le corps saisi se rit de l'eau aux dents de neige,
le joug se fait léger,
cris rauques des mouettes dans la chaleur l'été.
Sur le sable les traces d'un bonheur
que les vagues ne pourront effacer.

Il faudra donc que je tourne la page,
que je reprenne les choses en main,
oublier les mauvais coups des lâches et des désespérés,
croire en l’île singulière de Sète, St Clair le mont magnifique,
Brassens l’inoubliable, Vilar l’inaliénable, Valéry l’incontournable.
Je peux ainsi relever mes bras à moitié baissés,
continuer le chemin et dire VIVE LA VIE !
Trop souvent la pieuvre (et pas seulement celle qui vit dans la mer)
casse le bateau, le fait couler et nous voilà, épaves.
L’enfant dit « je suis heureux seulement
si tout le monde est heureux
 »,
« aussi heureux que moi ».
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Nous en sommes là. Nous en étions là quand d’Italie :
    Lassu nel cielo
    Costellazioni di stelle
    Affollate in festa per la notte
,
tout ça parce que là-haut dans le ciel
des constellations d’étoiles mettaient la fête à la nuit,
alors qu’à l’intérieur,
    Dentro : un infinito silenzio
envahissait le cœur d’un enfant.
Il lisait le livre, « un beau livre »
et plus tard, il en créera un à son tour
car le livre c’est bonheur,
c’est photos autour, c’est mots doux.

Au plus secret, il pense à elle, sœur, fille, mère,
lumière franche et farouche
lumière kabyle malmenée par l’histoire
de couple en couple mais qui fut.
Au plus secret, il veut qu’elle vive, intense et passionnée,
tout le reçu d’une lignée rebelle,
résistants de France et d’Algérie,
indomptables rebelles.
Au plus secret, il espère qu’elle n’usera pas
son intelligence en de vains combats
et que, courte la vie, la sienne sera plus douce.

Décidément, nous sommes au comble de l’existence,
grignoteurs d’infini, dénicheurs de formules et magie,
Nous attrapons la vie au vol pour la muer en poésie,
aux marges du possible
et dans l’épreuve de chaque jour,
pensons aux gens : fille, frère, sœur jumelle, compagne et compagnon
sans lesquels nous ne serions plus… ou si peu,
partageant leurs jours et leurs nuits.

Voici nos retrouvailles,Plp_Stand.jpg
nos rêves les plus fous,
l’inavoué de tout dialogue profond.
Voici nos retrouvailles
en mots livrés au grand poème du monde,
Voix vives sur parchemin jetées
Voix vives, tendres, rieuses, profondes, osées.
Voix bout à bout, aboutées à des centaines de voix
Fontaine de voix avivées.

Sète, 19-26 juillet 2014


Date de création : 06/08/2014 15:17
Dernière modification : 06/08/2014 15:58
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