Mise au point n°2

Après la publication du n° 1 de Soleils & cendre, un pair, se posant pour le père, fit réplique au nom de la propriété d’idée : deux mises au poing furent nécessaires. Publiées dans le n° 2 de décembre 1986.

 


FORT ET CLAIR : REDIRE LE SENS
ou
SUITE AU DIALOGUE


Alors monta une interpellation. Forte. Claire. D’un de nos tout premiers amis, “heureux de ce champ autonome de création”… et qu’il lit “comme réinvestissement créateur des formations et des billes offertes par le tous-ensemble du mouvement”.

Et c’est ici du GFEN1 dont il s’agit, lieu géométrique de la découverte par chacun de “sa créativité et [qui] lui ouvre un champ de possibles insoupçonnés ou mal soupçonnés auparavant”.

Où s’ancrent et s’encrent nos réassurances. C’est bien “en ce mouvement, intellectuel et créateur collectif” qu’est le GFEN “que s’originent ces développements inventifs”.
Au moins pour certains d’entre nous. En tout cas, sinon pour “l’audace d’écrire”, du moins pour celle de publier.

Mais encore. Et ici l’interpellation se précise : pour qui et pour quoi ?
Nous avons dit : notre propos est ici la mise à nu de l’écriture que nous donnons à voir à l’autre, l’amont et l’aval, rencontre de celui qui écrit avec son semblable, c’est à dire Toi (qui écris ou écriras). Faire mûrir d’autres dire, pouvoir en l’écriture pour d’autres regards, d’autres masques…2

Faire du destinataire un écrivain lui-même. Cette préface au dialogue en est déjà le manifeste : nous voulons provoquer au duel moderne de l’écriture. Et dévoiler nos règles, nos pour-quoi, nos pour-qui, dire nos stratégies, nos outils, pour rencontrer les vôtres. Ci-gît une première réponse… À suivre.

H.T.

1. S&C est une revue indépendante ; mais que six sur sept de ses rédacteurs appartiennent au (soient acteurs du) GFEN — Groupe français d’éducation nouvelle — puissant mouvement d’hérésie en écriture… et ailleurs, n’est pas étranger à son existence, nul n’en doutera.
2. S&C, n°1, p. 2


 


FINE ET CLAIRE : DÉDIER L’ESSENCE
ou
Sodome et Loghorre
ou
La diagonale du dialogue


Je suis né de père et mère
J’ai grandi de pairs, amer parfois,
A-mère tous-jours
J’ai filé ma révolte
Au fuseau “des formations offertes par le tous-ensemble”

Je suis de cet homme gigantesque aux mille intelligences
Militant de la vie, à ce titre vivant
Et aussi l’Homme singulier
Ni maille ni tisserand encore moins l’araignée
D’une quelconque toile à leçons de morale


Moraliser : antonyme : corrompre, pervertir
Antonyme ? Sûr ? La perversion n’est-elle
pas justement de s’arroger ce droit ?
De quel droit  ?


Parabole :

Zélira, ta mort est comme une huître
Tu livres tes râles et tes larmes
Au sillage oral des vents alizés
— dites et redites médiatisées…
Le goût s’altère, arôme frelaté —
Et ta perle au milieu des molaires
Comme une arme, un glaive, un oracle,
Le sermon
Qui ne laisse d’un rêve d’égalité
Qu’un arrière-goût d’étique morale.
Un chant de guerre composé à la hache.

Ironie :
N’y a-t-il qu’aux chantres de la paternité
            qu’on puisse faire (même involontaires)
            des enfants dans le dos ?


(à mon ami A.D.)
Yves Béal - nov. 86


Date de création : 25/01/2012 11:13
Dernière modification : 02/03/2012 18:25
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