Petits Poucets sans calcul
TEXTE COLLECTIF
Publié dans le n° 86 de juin 2008
Salles d'attente
PETITS POUCETS SANS CALCUL,
AUX MATINS DE NEIGE ET D'ORANGE
Ici, le silence traduit cette tension qui nous précède. Comment habiter cet ennui ? cette hébétude ? Comment vivre en vase clos sur des lignes qui bougent ?
L'air vibre et la pierre souffre. Le soleil s'espace entre trèfle et joubarbe. Je suis en suspension.
Ici, l'espoir se gonfle d'incroyance. Le temps se fait gratuit. Je suis dans l'embrasure où je prétends entrer le premier. Le voyage infime mes limites intérieures, sans terminus ni descente. Pourtant s'acquitter de ce vide. Cette inquiétude.
Le ciel déborde de tendresse. La mésange sourit des efforts du printemps. Je suis en submersion.
L'attente m'est un parcours machinal. Sous mes pieds les pierres se fendent dans un ultime rendez-vous. L'odeur du blanc repousse toute vision vivante. Le sort s'affranchit du froid et de la brûlure. Qu'y a-t-il à perdre ?
Elles ne disent toujours rien, feuillettent du bout des fesses les tables basses des banalités. Un jeu interminable de jambes grammatise le signifiant.
Là, derrière le miroir des horreurs, le bruit matiné des silences électriques. Impasse entrevue des couloirs complices.
Là encore, un kaléidoscope de points de suspension, de pas perdus, de corps démis, de rendez-vous défaits. Salves d'attentes à l'embrasement des risques.
YB / ID / SW / CB / HT / JGA
Sarrians - mai 2008