Apocalypse de l'écriture
TEXTE COLLECTIF
Publié dans le n° 82 de novembre 2007
Où en sommes-nous de l'écriture
Ce texte a été écrit coopérativement par les 18 participants au séminaire de Chalap en juillet 2007.
APOCALYPSE DE L’ÉCRITURE
Au défaut du débat, papier gratté,
un épouvantail ébouriffé accuse sa rature.
Griser les rimes encorder les sons renverser les ruches revendre les fleurs aux cimetières couper les arbres et les langues renfoncer les cris dans les corps suppliciés éperonner les prières.
L’obscène ventre du bien-dire et du lisse désancre la polyphonie des consciences. L’obscène.
Nos baisers sur le papier ratures spectaculaires sont les impensés qui s’offrent à la langue.
Du poète au déparleur :
Crache tes mots !
Le provisoire en appelle à l’insensé du tremblement.
Un seuil où se reposer les questions impatiente les tumulus.
Crache ton sens !
Digère les poisons dans un reflux d’encre ressassée !
Dans les toilettes des wagons-lits le dieu lapsus laisse des traces de qui-vive et d’illusion. Avec le revers de sa langue le poète est prié de nettoyer. Le poète mère de ses juges cruelle prognathe fouillant les chairs de sa langue biseautée remanie les impotences
(Les points de suspension sont en vente promotionnelle. Saisissez l’affaire ! )
Je me perds sous les pierres.
Le papillon me cisèle.
Le feu engrange mes lignes, feu carmé hors sa cage.
Signe dans mes marges le peu me rêve.
Aucun silence blafard.
Seul un sésame dada chalute les minutes soulevées.
Au soir fractal je tâtonne je cumule.
Buvards de faux mensonges fric-frac bricolage de déjà-là tournis insoupçonné. Quel vent s’épuise à geindre ? Quelle humanité meuble le monde ?
Ma nuit-même pilleuse insoumise aux frayeurs.
Maints haillons écornés rencontrés dans l’escalier font trébucher le locataire.
Lacérer le nous
Déferler le sang
Chasser le sel
Liquides les mots de ma soif à l’instant de ma parole rehaussée. Audace des cicatrices de prétendre à l’effacement des blessures. Naïveté des peuples d’encre d’établir si haut seul le mot eux qui grommellent d’élaguer l’homme de sa langue.
Un peuple adelphique porte l’insolence des mots. Violence d’argile quand les doigts creusent les discours et les rites.
La main possible commencement.
L’oeuvre ment qui élude l’amour l’écho sur la peau.
L’enchâssement du futur dans l’enclos et l’inédit comme prière dessinent à l’infini des figures en rupture.
Se tenir dans la rature garde de l’émiettement et de l’infirmité.
L’entre-temps d’un feston de ciel envahit la table : rivalité d’évidence entre l’éternité et le signe.
Il faut que les étoiles s’épicent que nos illusions sucrent les sangs séchés que les mouches règnent sur les charognes des désirs.
L’aurore s’égrène sur le silence des disparus. Leurs soifs secrètes se confient aux hasards. La pêche-épine hâlée d’orange promène par cheminées une promesse de bocage. La pire violence hermétiquement petite s’éperonne au contre-ut des années passées. Le je et les mots prolifèrent. Un pied de banc public me sert de contrainte d’écriture.
L’absence s’accroche.
Voici ton indicible : fatal tapage. Toute une belle page barrée délivrée de son eau. L’île est là dans la glu de la foule éléphante abandonnant le texte à ses faims de louve et relançant ailleurs le grand charroi de l’encre et des rêves.
Chalap (Sénéchas) - 17.VII.07
ont participé à la cène du texte collectif :
Anny Gleyroux / Anne-Marie Bonjour / Christine Actéon
Chantal Bélézy / Danièle Rozand / Henri Tramoy
Isabelle Ducastaing / Jean-Guy Angles / Marie-Christine Wolfrom
Michel Ducom / Martine Girod / Michèle Ourmières
Marie-Pierre Canard / Marc Rousselet / Sylvana Pérazio
Sylviane Werner / Tanguy Risset / Yves Béal