Autant, la fable
TEXTE COLLECTIF
Publié dans le n° 56 de février 2003
Autant, la fable
faites passer
AUTANT, LA FABLE
Attention à l’affable forme ou se morfond la fable
Marie-Pierre Canard
La fable, panse avide, parvient à nourrir les portées grouillantes de siècles maniaques.
Plaider devant une huître grasse ou mener son fils à l’âne n’impriment à satiété que fruits trop verts.
Amphore, elle nous morfond au bord d’elle, de ses chants égorgés. On s’enlace, on l’ouvre, elle tombe tripe tranchée, on ne tient ni l’ombre ni le corps.
La fable nous fait agneau, loueur d’idées pour l’édification des âmes mais l’ordre qu’elle établit n’engendre que valets.
On ne voudrait pas que tout soit dit ni que début et fin s’apparentent dans une redondance de naphtaline. L’acerbe paraît surtout dans l’obscur, où la forme se perd, où d’autres saveurs s’encuivrent à l’endroit des ratures, où je devine à tâtons sous des mots hôtes, couverts d’une peau vermeille.
Passer la fable au napalm ne rime à rien
La fable n’y fait rien
Le doux parler ne nuit en rien
Sous la forme et l’étiquette restent l’humus et l’ équivoque.
A plaindre l’orange, à plaider pour l’orage contre l’averse, la fable sème à l’envi l’intention.
L’âme, la meuh, l’infâme.
Marie-Pierre Canard ; Yves Béal ; Henri Tramoy ; Claude Niarfeix ;
Jean-Guy Angles ; Chantal Bélézy ; Isabelle Ducastaing