Racine cariée de la haine
TEXTE COLLECTIF
paru dans le n°3 de S&C :
Racine cariée de la haine
Des meutes
Des meutes
mimes anonymes aux mythes des chocards,
Des meutes
au bec pissant épandent leurs miasmes et vous lisiez
et vos regards aveugles sur les pierres, les lices
vos nuques grises courbées sont le recel des freux,
Des meutes
qui traînent la pluie le ciel et les fumées
quand par les creux chemins de hautes cheminées
suspendent leurs dépouilles aux desseins des nuages,
Des meutes
quand le borborygme tient lieu de pensée
dépravent entre les mots et la mort l'orage écorché des regards,
Des meutes
à la langue d'urne funéraire
abjectent des bulletins sans yeux
Alors la mort
errante comme
au comptoir du siècle
de hall de gare en
corridor
énumère les os
cassants fragiles
de mortes moricaudes
Alors la mort
errante harcèle
une foule autiste
Des meutes
lèvres pendantes sifflant entre des hémisphères calcinés
fièvres purulentes vitrifiant de noir l'est et le sud
les crachats planifient l'horreur quotidienne,
Des meutes
comme l'autre enfer
au mensonge épais comme soupe d'épeautre
et les tanches se claustrent en un recul du monde,
Des meutes
hommes et bêtes confondus
raison de teckel et pensée de formol
ruinent l'ovulation
arrachent par lambeaux ce qui fait l'homme en l'homme
Des meutes
à l'aboyeuse cadence étripent le soyeux de la nuit
vieux rêves moites et récurrents d'enfricher les cerveaux
de plastifier toute parole hybride,
Des meutes anthropophages
déserteurs de l'humain à la saillie fétide
s'éborgnent les dents à la curée
et les corbeaux pillent les terres sinistrées,
Des meutes
(à demeure ?)
toute science reléguée au silence à l'œdème
des meutes raturent les hirondelles particulières
agrafent
à un pluriel qui se fait uniforme
l'objeu de nos conformités bancales
ou bien d'émeutes.
Graphisme : I. Ducastaing
Chantal Bélézy, Yves béal, Marie-Pierre Canard, Olga France, Claude Niarfeix, Henri Tramoy
Satolas & Bonce - 31.V / 1.VI.97