Avignon.Chêne noir
REVUE SOLEILS & CENDRE
(Pour une alternative à la critique)
Il peut être réinvestit dans des circonstances similaires.
Décrire, savoir, juger, comprendre... les quatre piliers historiques de la critique chancellent... en raison, moins du caractère partial, passionné, politique que souhaitait Baudelaire, que d’une subjectivité de second ordre argumentée au j’aime, j’aime pas de la première évidence.
Dans Qu’est-ce que la littérature ?, Sartre affirme que la critique engage l’homme entier. Je ne saurais dire s’il évoquait l’homme en général, le critique, l’artiste ou peut-être les trois ensemble. Mais n’est-il pas venu le temps de cet engagement total non pas pour discerner, séparer, distinguer, ainsi que le laisse supposer l’étymologie du mot..., non pas, donc, mettre à part le bon grain de l’ivraie de quel droit ? n’est-il pas venu le temps d’un retournement, d’un dépassement : la critique comme création authentique à la fois intrinsèquement liée à l’œuvre mais aussi œuvre autonome, donnant à voir sans voir , donnant à penser, tenant le lecteur pour prochain créateur et non comme consommateur potentiel.
Une critique perturbatrice, dérangeante, moins parce qu’elle assassine les artistes, leurs œuvres et du même coup, le spectateur tenu pour bête à dépenser plus qu’à penser... une critique perturbatrice, dérangeante donc, justement parce qu’elle tient chacun pour possible producteur d’un regard neuf et qu’elle y invite. Une critique génératrice d’un déséquilibre du sujet à l’instar même de l’œuvre, une critique instaurant l’inattendu pour règle, questionnant le réel tout en rendant compte d’un déplacement émotionnel, d’un choc, de la force du ressenti.
Une critique comme invitation à se découvrir soi-même ?
DISPOSITIF DE L’ATELIER
AVANT LE SPECTACLE :
- Les spectateurs sont invités à réagir par écrit, dans l’attente du début du spectacle, aux dites-citations : bribes, mots, expressions qui seront gardés précieusement en vue de l’atelier qui suivra.
- Une mission est en outre donnée : du spectacle, vous rapporterez un élément au moins (sous forme de bribes, expressions, liste de mots ), emprunté(s) à une ou plusieurs des catégories suivantes :
- ce qui relève de l’étrange, de l’énigmatique
- ce qui vous a bouleversé
- ce qui vous a irrité
- ce qui vous a fait rire
- ce qui a fait profondément écho en vous, vous entraînant un instant sur d’autres rives, intimes
- ce qui a fait écho à un réel contemporain
APRES LE SPECTACLE :
Trace, lecture, pâture. Mise en voix par des personnes volontaires de fragments forts.
2. Chacun recueille, puis choisit 3 ou 4 mots forts qui pourraient résumer pour lui une impression Mât de Cocagne (référence aux impressionnistes : impression Soleil levant).
Travail de ces quelques mots sur les pôles idéel et matériel (préciser procédé et sens). Prolifération.
Par groupes de proximité (par 4), s’échanger ces extraits. Celui qui lit choisit et entoure, dans le texte des autres, un fragment qui fait le plus écho (ou qui contrarie le plus) son propre texte.
A l’issue de cet échange, chacun dispose donc :
- dans son texte initial, de trois fragments entourés
- recueillis chez ses partenaires, trois fragments inédits
Il s’agit de s’appliquer une contrainte forte. On doit retirer du texte initial les trois fragments entourés (ils appartiennent désormais à ceux qui les ont entourés). On doit introduire dans son propre texte les trois fragments retenus chez les autres.
La réécriture a pour objet de reconstruire, de réorganiser le texte initial autour de ces trois fragments. On peut s’imposer toute contrainte supplémentaire de forme (notamment empruntée à la rythmique, à la forme du spectacle) qui paraît opératoire.
PREALABLES :
Juste avant le spectacle, il est nécessaire de donner très brièvement le principe de l’atelier.
Y. Béal, MP Canard, H. Tramoy
À L'ENTRÉE DU THÉÂTRE
(Il comporte un espace vierge pour des notes en cours de spectacle)
Collectif SOLEILS & CENDRE, revue d’écriture
Avis d’Off, petit quotidien éphémère du Festival
Ce soir nous vous proposons un défi : écrire ensemble après le spectacle.
Si l’écriture n’est pas un acte spontané, nous avons fait l’expérience que l’atelier, à 4, à 10 ou à 300, était un formidable lieu de provocation à l’écriture. Voulez vous essayer avec nous ?
Vous avez en main un des deux éléments déclencheurs de votre écriture de tout à l’heure. L’autre élément c’est, bien sûr, le spectacle.
VOICI QUELQUES CITATIONS.
Vous avez tout loisir pour écrire entre leurs lignes vos propres réflexions.
Chaque seconde désormais me construit une cage
comme pour un oiseau ensanglanté
et qu’on voudrait saigner
Postel est la gomme à effacer l’homme à partir de sa conscience.
On nous a fabriqué une histoire collective qui s’appelle électrification des âmes. Il ne m’a servi à rien de lui opposer des bulles de savon.
Nous avons décidé de saisir
les étoiles aux cheveux
et de les brandir en dansant
comme des armes
au-dessus du vieux monde.
Même zombifié (
) rester debout dans la tempête.
Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse.
DISPOSITIF DE L’ATELIER
Quelques citations pour se mettre en bouche,quelques traces entre les lignes dans l’attente du début du spectacle, bribes et mots.
PENDANT LE SPECTACLE : collectez quelques répliques fortes, émotions.et désirs irrépressibles. La page 4 est à votre disposition pour cela.
APRES LE SPECTACLE :
On met en commun nos mots, on met en voix des fragments, on travaille ensemble la matière des mots et des idées. Dans un dispositif dynamique, chacun fait advenir son texte.
Publication le lendemain des productions dans Avis d’Off, petit quotidien éphémère du Festival.
distribué auprès des festivaliers les jours précédents
THEATRE DU CHENE NOIR
REVUE SOLEILS & CENDRE
Atelier d’Ecriture de Re-création
UN DEFI LANCÉ À QUI LE RELÈVERA !
Nous en appelons ainsi à une forme perturbatrice, dérangeante, de l’écriture d’après, parce qu’elle tient chacun pour possible producteur d’un regard neuf sur l’œuvre d’art. Parce qu’elle instaure l’inattendu pour règle, questionnant le réel, rendant compte d’un déplacement émotionnel, d’un choc, de la force du ressenti..."
UN ATELIER D’ECRITURE D’APRES SPECTACLE
le mardi 16 juillet, à partir de 23 heures
Quelques citations pour se mettre en bouche, quelques traces dans l’attente du début du spectacle, bribes et mots, et un petit dispositif de collecte d’émotions.
APRES LE SPECTACLE :
Grande fresque murale à investir, ou mise en voix de fragments, des mots à faire proliférer, et dans un dispositif dynamique, le texte que chacun fait advenir. Avec publication le lendemain des productions dans Avis d’Off, petit quotidien éphémère du Festival.
VENEZ NOMBREUX RELEVER LE DEFI !
après le spectacle Le Mât de Cocagne", au Chêne Noir,
s’est dédoulé un atelier d’écriture.
Nous livrons ci-après quelques-uns des textes produits à cette occasion.
Allumer aux quatre coins des boutons de bonheur.
VOILE NOIR
POUR LE DEUIL D’UNE VIERGE
SEMAINE AZTEQUE
Quatorze haines, panse à terre, à investir au prince des carrefours.
Treize paraboles brûlées à la noix de coco, une à une, pie à pie.
Treize voix de la nuit flûtée absorbées de plaisirs diurnes.
Il n’en reste qu’une : elle est le détonateur des âmes.
Le souffle du vent
des voix de la nuit flûtée
La femme -soleil ovoleuse de fleur
Le grand bonjour du fou
Il n’y a plus de corps de bronze
au point de non retour
L’odeur dehors, du crépuscule.
La nuit flûtée, ensemencée, regarde l’eau, l’eucalyptus.
Les lunes amères du malheur, les Temps au soupir d’hier. La largeur des regards ne suffit pas. Aujourd’hui la verdeur de ton sexe cogne la cime des arbres.
Dès l’aube, nous chevaucherons les rayons du soleil.
Du fil à fil de sa conscience, brûle ses restes d’humain torturé volé isolé. L’arbre tondu en mât se change peu à peu en épée du non-retour. Dépoussiérant la foudre, il devient couple aux cuisses d’exemples mûrs, croisé ensanglanté HOMME.
LA ONZIEME LAME
Alors vint l’arbre
la mort la naissance la mort tout recommence l’arbre l’axe le cycle l’arbre comme centre possible passeur du visible à l’invisible poteau-mitan colonne vertébrale d’un temple de l’âme si tu oses Alors vint l’arbre-phallus puissant et séminal planté là dépouillé vestige funéraire de la liberté l’arbre offert à l’ambition démesurée de la mort pour la vie l’arbre qui a partie liée avec le soleil et avec la rosée
Rebelle en ton point chaud en ton poing chant tu feras du mythe une force matérielle cessant le gaspillage de ta violence ta volonté brûlera de la passion d’être tout l’homme et la onzième lame sera tirée au nom de Loko l’oriflamme à l’orée des forêts florissantes tu offriras la rébellion de ton geste symbole et défiant ton bourreau vaudras mieux que ta rage
à l’inutile prendra le feu des résistances
Alors la femme de celles adolescentes qui dorment cuisses écartées forte de cette aigreur alors la femme porteuse d’aromates femme-jardin à vivre par les yeux le tout chaud tout vivant de ses humeurs vagues ses instincts prophétiques l’orée de son courant vital de son cou renversé fontaine de laits et de sources salées résumant l’univers la femme elle lisse lis liseron arraché aux labours elle Lise ronde fille d’Erzili alors la femme pure de toute anxiété centre intime
elle est un jardin bien clos
ma sœur ma fiancée
un jardin bien clos
une source scellée
et vous ferez l’amour encore demain à l’aube de tout un peuple
Soudain de cette force l’homme multiplié réalise la synthèse du monde
et tombe
et sa mort soutenant la lumière
toi qui craches ta bile
comme un poison fatal
ensilençant tes yeux
éructant tes aveux?
Les spectacles défilent
et tu vomis ta haine
en camouflant tes peines.
comme un crachat de sens?
Est-ce le ventre qui cède au pôle visqueux de tous les égocentrismes ou l’eau vitale ou l’eau secrète ? Oui ! Oui ! Homme indocile, c’est l’arc debout qui signe ta rébellion.